Le week-end du 17 au 21 mai, un groupe de 7 grimpeurs du club est parti en direction de l’Aveyron pour 3 jours d’escalade intenses, racontés par Julie et Alison et illustrés par Oisín et Charles.
Rendez-vous pour le départ jeudi soir au club. On ne se connait pas encore tous très bien mais on comprend vite qu’on est tous là pour apprendre, nous dépasser, nous amuser. On est super motivés quoi !
Vendredi matin, on suit Guillaume qui nous emmène en bas de nos premières voies. On s’équipe, il fait beau, on est seuls sur le site, c’est magnifique. On sent que ça va être une bonne journée !
On n’a pas de topo, juste Guillaume. Il nous guide, on l’écoute, on grimpe. On temporise trop quand on peur, on temporise plus du tout quand on veut redescendre. On progresse et on se fixe de plus grands objectifs.
Au final le weekend se déroule à toute vitesse. On a changé de site chaque jour. 3 jours, 3 sites exceptionnels. On espère bien vous donner envie de venir l’année prochaine ! En tout cas nous on sera là 🙂
Pendant ces 3 jours, j’ai dû éteindre mon mental pour laisser s’exprimer mes pulsations, celles qui m’enivrent avec les sensations contre la paroi. Elle n’est pas juste un mur de pierre mais l’écho de mes peurs, le miroir de mes faiblesses, la rencontre avec mes limites.
Grimper c’est d’abord m’accrocher comme on s’accroche à la vitesse de la vie qu’on ne veut pas laisser passer, qu’on veut dépasser comme on veut sans-cesse performer.
Il y a cette voie qu’on doit gravir et il y a aussi les voies intérieures qui nous guident. On fait taire notre voix pour laisser parler celle de la falaise, celle qui nous confronte avec notre mental qu’on ne connait jamais vraiment et qu’on expérimente dans cette grande voie. Elle nous freine mais on apprend à l’apprivoiser sans jamais vraiment la maîtriser. On y découvre d’autres soi, des parts sombres qui nous nourrissent d’énergie inexprimée. On s’efforce d’être présent pendant cet instant qui mobilise autant le corps que la tête. On est happé par cette étreinte qui durera tant qu’on aura pas atteint le relais. Pendant ce voyage, on s’offre la montée de l’adrénaline, du rythme cardiaque et de quelques peurs qui nous accompagnent. Chacun apprivoise les siennes à son rythme. Les faire taire nous maintient en équilibre. On n’est jamais autant présent qu’on souhaite s’éviter la chute. On regarde les placements des pieds et des mains avec précision et on profite de ce que peut nous offrir la falaise. La moindre aspérité devient sa générosité. On anticipe les mouvements jusqu’au prochain point. Rien que d’y penser, il me faudrait de la magnésie pour continuer à taper sur mon clavier.
On s’offre un voyage intérieur vers cette part d’inexplorée qui nous fait connaître. Qui nous fait comprendre qu’on assume pas ses peurs, qu’on a peur de réussir et qu’on n’ose pas non plus pour s’éviter l’échec.
Ce n’est pas une lutte ni un combat, c’est une exploration de ses conditionnements, ceux qu’on veut déconstruire pour se construire tel qu’on l’imagine.